Élargir les horizons: les engagements stratégiques de l'Iran en Afrique subsaharienne - Études de cas d'Afrique du Sud, du Nigeria et de Tanzanie

Abstract

Since the 1960s, both the regime of Reza Pahlavi (1941-1979) and, subsequently starting from 1979 the Islamic Republic of Iran, have intervened in sub-Saharan Africa (SSA). While the Chah's policies were motivated by a virulent anti-communist stance, the Islamic Republic of Iran (IRI) pursued a 'radical' policy of changing the political status of the Western world, including the Western Arab allies, who were hostile to the survival of the mullah regime. While the Chah focused on geopolitical interests, particularly in the Horn of Africa, the vital sea route to the Red Sea, and in South Africa, and ignored the interests of African Muslims, the IRI exploited increasingly radicalized Islamists to expand Iranian influence on the continent. For example, the IRI has spent billions of dollars in the region to provide Muslim schools and free social services through hospitals and orphanages supported by the Iranian Red Crescent. The IRI's strategy aimed to build grassroots support among Muslim communities rather than focusing exclusively on African governments. Tehran's expansionist policies included arms sales to state and non-state actors and the destabilization of regimes. The goal was to build partnerships that would help evade international sanctions while opening new terrain for its axis of resistance against its global and regional adversaries, particularly its arch-enemy Israël. Tehran's version of political Islam involved building up proxies, most notably Hezbollah in Lebanon and the Houthi rebels, most recently in Yemen, who have wreaked havoc on international shipping lanes in solidarity with the Palestinian cause. Tehran expanded its influence in the Sahel region, taking advantage of self-serving French Africa policy and the policies of other Western powers in West Africa to establish contacts with the anti-Western ASE military juntas in Burkina Faso, Mali and Niger. Russia, China and Turkey paved the way for this new alignment. The rivalry between Iran and Israël has intensified in recent decades, with several confrontations between the two countries in the Red Sea and East Africa since the 2010s. Iran has continuously expanded its engagement throughout the region, leading to a 'balance of deterrence' between the two countries.

Depuis les années 1960, le régime de Reza Pahlavi (1941-1979) et, à partir de 1979, la République islamique d’Iran, sont intervenus en Afrique subsaharienne. Alors que la politique du Chah était motivée par une position anticommuniste virulente, la République islamique d’Iran (RII) a poursuivi une politique "radicale" de changement du statut politique du monde occidental, y compris des alliés arabes occidentaux, hostiles à la survie du régime des mollahs. Alors que le Chah se concentrait sur des intérêts géopolitiques, en particulier dans la Corne de l’Afrique, la voie maritime vitale vers la mer Rouge, et en Afrique du Sud, et ignorait les intérêts des musulmans africains, la RII a exploité des islamistes de plus en plus radicalisés pour étendre l’influence iranienne sur le continent. Par exemple, la RII a dépensé des milliards de dollars dans la région pour fournir des écoles musulmanes et des services sociaux gratuits par le biais d’hôpitaux et d’orphelinats soutenus par le Croissant-Rouge iranien. La stratégie de l’IRI visait à renforcer le soutien populaire au sein des communautés musulmanes plutôt qu’à se concentrer exclusivement sur les gouvernements africains. Les politiques expansionnistes de Téhéran comprenaient la vente d’armes à des acteurs étatiques et non-étatiques et la déstabilisation de régimes. L’objectif était de nouer des partenariats qui permettraient d’échapper aux sanctions internationales tout en ouvrant un nouveau terrain à son 'axe de résistance' contre ses adversaires mondiaux et régionaux, en particulier son ennemi juré Israël. La version La version de Téhéran de l’islam politique impliquait la constitution de mandataires, notamment le Hezbollah au Liban et les rebelles Houthis, plus récemment au Yémen, qui a semé le chaos sur les voies maritimes internationales en solidarité avec la cause palestinienne. Téhéran a étendu son influence dans la région du Sahel, profitant de la politique africaine égoïste de la France et des politiques d’autres puissances occidentales en Afrique de l’Ouest pour établir des contacts avec les juntes militaires anti-occidentales de l’ASE au Burkina Faso, au Mali et au Niger. La Russie, la Chine et la Turquie ont ouvert la voie à ce nouvel alignement. La rivalité entre l’Iran et Israël s’est intensifiée au cours des dernières décennies, avec plusieurs confrontations entre les deux pays dans la mer Rouge et en Afrique de l’Est depuis les années 2010. L’Iran n’a cessé d’étendre son engagement dans toute la région, conduisant à un "équilibre de dissuasion" entre les deux pays.